Désillusion totale après la fin du dialogue politique

Les vraies raisons d’un fiasco

Pourquoi un dialogue Ouattara-Bédié-Gbagbo s’impose

La cinquième phase du dialogue politique, dont l’ouverture s’est faite le 16 décembre 2021 à la Primature, sous la présidence du Premier Ministre Patrick Achi, s’est achevée le vendredi 04 Mars 2022. Même si toutes les formations politiques y ont fini visiblement par parapher le rapport final, à parcourir les recommandations, il est facile de comprendre que tout sauf l’essentiel a été retenu à cette autre rencontre d’échange pouvoir-opposition et société civile.

Les vraies attentes des ivoiriens balayées du revers de la main

La libération des prisonniers politiques, civils et militaires des crises de 2010 et 2020 ainsi que l’arrêt des poursuites judiciaires contre les personnalités politiques, le retour des exilés politiques tels que Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, etc. Voilà qui étaient les principales attentes des ivoiriens et de l’opposition significative de cette cinquième phase du dialogue politique et qui auraient, de facto décrispé l’atmosphère politique. Que Nenni ! Le dialogue politique a plutôt choisi de mettre en avant des questions telles que l’engagement des acteurs politiques à se départir de la violence comme mode d’accession au pouvoir, le retour à un paiement plus régulier de la subvention aux partis et groupements politiques et la transmission au Cabinet du Premier Ministre de la liste et des numéros des comptes des personnalités dont les comptes seraient encore gelés. Bien plus, au titre du cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire, source d’ailleurs de conflits depuis 2010, le dialogue politique a tablé dans ses recommandations sur la révision de la liste électorale et non de l’audit international de la liste électorale issue de l’enrôlement de juin-juillet 2019 comme avaient exigé en Août 2020 l’opposition significative. Alors qu’on sait que ce sont ces craintes de tripatouillages qui pourraient biaiser le scrutin qui animaient les partis d’opposition en 2020 et qui a d’ailleurs motivé leur non-participation à cette échéance présidentielle. En gros, ce dialogue politique qui vient de s’achever laisse interrogatif et risque certainement de ne pas changer les rapports entre les formations politiques. Puisqu’on sait tous que le dialogue politique est tout sauf un cadre qui a voix de délibération et que toutes décisions qui pourraient advenir restent aux mains de l’exécutif ivoirien, dirigé par le RHDP. Donc, il ne faut pas être surpris que des points saillants soulevés lors de ce dialogue n’en viennent à rester dans les tiroirs de l’oubli. Dans tous les cas de figure, l’opposition doit penser par user d’autres moyens démocratiques si elle veut effectivement voir être instauré en Côte d’Ivoire un climat politique apaisé.

L’ultime occasion pour le régime ivoirien de régler le cadre politique pour une paix durable

Si jusqu’ici le régime d’Alassane Ouattara, qui ne semble toujours pas parvenu, après dix années de gouvernance, à convaincre les Ivoiriens avec des actes concrets de développement socio-économique, veut se racheter, on pourrait dire que le dialogue politique apparait comme l’ultime occasion à saisir. En effet, à quelques mois des échéances à venir, le régime ivoirien devra voir en ce dialogue politique une véritable aubaine pour aplanir tous les différends. Toutes dispositions qui pourraient éviter au pays en 2023 et 2025 de tomber dans la rengaine de 2010 et 2020. Même si, en tout état de cause, c’est aux ivoiriens qu’il reviendra d’apprécier de tout ce qui sera fait de ces recommandations. Dans un cas comme dans un autre, ce cinquième dialogue reste comme les quatre autres phases du dialogue politique, l’ombre de lui-même. Du reste, tant qu’il y aura un dialogue sans les différents acteurs clés que sont Gbagbo, Bédié, Soro et Ouattara, il sera difficile de s’attendre à du miracle. Puisqu’on sait tous que c’est suite à la rencontre de ces acteurs cités en 2007 à Ouagadougou et à la signature d’un accord que les élections présidentielles tant attendues ont fini par se traduire en acte en 2010. Ainsi si Ouattara, Bédié, Gbagbo et Soro se retrouvent l’on pourrait espérer d’une désescalade sur la scène politique ivoirienne. Et en l’espèce, le chainon manquant reste le président de GPS, Guillaume Soro, qui comme les leaders du RHDP, PDCI-RDA et PPA-CI reste détenir de l’actif militant sur l’échiquier politique ivoirien.

Atebi Michel