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22 décembre 2024
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Inculpation des militaires ivoiriens au Mali/ Tout se complique pour les 49 soldats

Plus d’un mois après l’arrestation de 49 soldats ivoiriens au Mali, l’affaire prend sérieusement un virage dangereux. D’escalade verbale en escalade, chaque pays campe sur sa position et, tout porte à croire que l’horizon restera encore brumeux. Du moins, pour quelques semaines encore si la Côte d’Ivoire et le Mali continuent à s’accuser plutôt que d’emprunter la voie du dialogue franc et sincère. C’est dans ce contexte mi-figue mi-raisin que le procureur malien Samba Sissoko a inculpé et écroué le dimanche 14 août dernier les 49 soldats ivoiriens qui avaient été arrêtés le 10 juillet 2022.
Une procédure judicaire qui remet encore une nouvelle couche sur cette affaire que l’on croyait pourtant entre les mains des diplomates. En effet, dans une note transmise à la presse et dont copie nous est parvenue, le Procureur de la République du Pôle Judiciaire Spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale du Mali a indiqué la suite qu’entend donner son pays à cette affaire scabreuse. Et, comme il fallait s’y attendre, une kyrielle de chefs d’accusations ont été retenues par la justice malienne contre les nommés Kouassi Adam SANNI ET 48 autres, interpellés le 10 juillet 2022 à l’Aéroport International Président Modibo Keita de Bamako-SENOU. Notamment, pour les faits de crimes d’association de malfaiteurs, d’attentat et complot contre le gouvernement, d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, de détention, port et transport d’armes de guerre et de complicité de ces crimes. Des faits graves punis par la Loi malienne.
Dans cet imbroglio politico-militaro-diplomatique, la justice malienne n’entend pas restée en si bon chemin. Mieux, le Mali annonce poursuivre d’éventuels auteurs et co-auteurs de la déstabilisation de son territoire. « Le Procureur de la République rassure par ailleurs que, dans le respect de leurs droits, des investigations objectives et transparentes seront menées pour aboutir à la manifestation de la vérité, identifier tous les éventuels auteurs, co-auteurs et complices de ces faits et situer toutes les responsabilités ». C’est justement là où le bât blesse, dans la mesure où, si l’on suit la logique de la justice malienne, les enquêtes doivent permettre de savoir ceux qui sont impliqués dans cette affaire. En d’autre termes, à y voir de près, il n’est pas à exclure que la justice malienne ait dans son viseur des autorités ivoiriennes dans le cadre de son enquête. Puisque, en amont, le Conseil national de Sécurité avait indiqué que les 49 militaires ivoiriens étaient sur le territoire de la République du Mali dans le cadre d’une mission régulière et non comme mercenaires, selon les autorités maliennes. Endossant ainsi la responsabilité pleine et entière de la présence des 49 militaires ivoiriens au Mali.
Une médiation qui piétine
A dire vrai, l’on se demande jusqu’où ira le Mali dans cet imbroglio qui laisse préfigurer de l’imminence d’une rupture des relations entre les deux pays qui vivaient jadis en bonne intelligence. Si le gouvernement ivoirien observe, a minima, la loi de l’omerta, ces derniers jours et joue la carte de la prudence, contrairement à la première déclaration musclée du Conseil national de sécurité, du côté de la population le mercure monte. Déjà, en fin de semaine dernière des cyber activistes pro-RHDP en l’occurrence Sako Oumar connu sous le sobriquet de Kissinger Sako et Aminata 24 de son vrai nom Aminata Ouattara avaient ouvertement appelé, via les réseaux sociaux, au boycott des concerts des artistes maliens en Côte d’Ivoire. Une attitude qui traduit à tout point de vue que l’heure est grave et qu’il convient de prendre le taureau par les cornes. Car, comme hier, sous le régime de la refondation, l’on assiste à la résurgence de nouveaux « jeunes patriotes » qui n’hésitent pas à afficher clairement leur intention d’en découdre avec le peuple malien. Tant que les 49 soldats ivoiriens sont détenus sur leur territoire. La grogne monte en Côte d’Ivoire au point l’on assiste ces derniers jours à la résurgence de vocables hostiles aux maliens. Dans cette grisaille, les autorités compétentes doivent monter au créneau pour éviter tout dérapage en pareille circonstance. Car, ne serait-ce qu’à écouter les uns et les autres nous ne sommes à l’abri d’un conflit qui, du reste, les germes sont déjà perceptibles. Pendant qu’il est encore temps, il faut étouffer les germes de conflits et de confrontations. Tout cela, en vue de ne pas compromettre les négociations que se déroulent.
Comment la MINUSMA a entretenu le flou
Si la position de la junte malienne s’est radicalisée crescendo, cela est imputable d’une part à la réaction tardive de la Mission des nations unies au Mali (MINUSMA) et, d’autre part à certaines incohérences relevées dans le dossier des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali. En effet, dans une note verbale en date du 22 juillet 2022, la MINUSMA visiblement agacé par ce problème déclarait qu’il apparait que certaines procédures n’ont pas été suivies et la mission s’efforce de mieux comprendre comment ces dysfonctionnements ont pu se produire afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent à l’avenir », pouvait-on lire. Une déclaration qui coupait la poire en deux et qui devrait suffire à clore le débat. Un flou qui n’a d’ailleurs fait que conforter la position de chaque camp. Du coup, faire des concessions pour privilégier les liens étroits de la coopération bilatérale devient une gageure. Or, comme on l’enseigne dans les écoles de diplomatie, dans un combat asymétrique celui qui peut le plus peut nécessairement le moins. Comprenne qui pourra !

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